🇰🇬✨ Étape kirghize de mon déplacement en Asie centrale : rencontres et échanges à Bichkek - juillet 2025
- Samantha Cazebonne
- il y a 12 minutes
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🔹 Une journée dense et riche ce jeudi 3 juillet à Bichkek, capitale du Kirghizistan, consacrée à la coopération éducative, culturelle et aux droits des femmes.
La journée a débuté par un petit déjeuner de cadrage avec l’ambassadeur, Nicolas Faye, le numéro deux, Eric Begon, l’attaché culturel, Etienne Lancelot et l'attachée de coopération scientifique, Marie Favereau, en préparation des rencontres bilatérales organisées par le poste. Ce fut également l’occasion de mieux comprendre la politique intérieure et extérieure kirghize, les enjeux de la présence française dans la région et la dynamique de notre coopération bilatérale. Notre ambassade à Bichkek est un poste à présence diplomatique (PPD) dont le poste de rattachement pour les services consulaires est celui d'Astana au Kazakhstan. Peu d'entreprises françaises sont présentes dans le pays (Technique & Logistique, Bati plus et Egis) mais plusieurs marques disposent de franchises.
📍J’ai ensuite visité l’Alliance française de Bichkek (AFB). J'y ai été accueillie par sa présidente, Guzel Ishenova, en l'absence de sa directrice, Begaim Israilova, en congé formation, et ai pu échanger avec les différents membres de l'équipe. Fondée en 1993, l'Alliance française de Bichkek est la plus ancienne d'Asie centrale et le seul opérateur chargé de la diffusion culturelle et linguistique au Kirghizstan. Ses locaux sont situés dans la Bibliothèque pour les enfants et la jeunesse Bayalinov et elle y occupe la grande salle de littérature française mise à disposition gracieusement - mais avec une certaine précarité - par la Bibliothèque nationale. L'AFB possède une bibliothèque et organise des cours de français (6 professeurs vacataires et une centaine d'apprenants), notamment sur objectif spécifique pour le tourisme (7 000 Français ont visité le pays en 2024), fait passer les examens DELF / DALF et propose une riche programmation culturelle dans et hors les murs, notamment dans le cadre de la Semaine de la francophonie. L'AFB héberge également l'Espace Campus France, inauguré le 27 mai dernier par le ministre délégué, Laurent Saint-Martin et dont le responsable devrait prochainement prendre ses fonctions. Il est destiné à promouvoir les mobilités étudiantes vers la France, encore trop modestes, avec seulement 126 étudiants kirghizes inscrits dans des établissements français en 2023/2024, malgré des partenariats noués entre des universités kirghizes et des universités françaises (Angers, Clermont-Ferrand, Poitiers, Espol, IESEG et Sciences Po).
En compagnie de l'ambassadeur et de l'attaché culturel, je me suis ensuite rendue au Ministère de l'Éducation pour un entretien bilatéral avec le premier vice-ministre Mukhtarbek Baymurzaev ayant pour objet l'enseignement du français au Kirghizistan. Alors que notre langue était enseignée dans une école sur cinq à l'époque soviétique, elle est désormais en déclin et n'est plus proposée que dans 3 écoles publiques avec un volume horaire hebdomadaire de seulement 2h. Une priorité du poste est de relancer l'enseignement du français en en augmentant le volume horaire et finançant la formation de professeurs de français : il bénéficie pour ce faire d'un Fonds Équipe France (FEF-R) de 100 000 euros. Ce fut également l'occasion de rappeler au vice-ministre la proposition de la partie française d'établir une déclaration d'intention de coopération dans le domaine de l'éducation.
Après un passage par l'ambassade de France pour échanger avec les agents, je me suis rendue à un déjeuner de travail sur le thème de l'égalité de genre au Kirghizstan. J'ai pu à cette occasion échanger avec Sharipa Dzhumabekova du bureau kirghize de l'ONG française Acted, Bir Duino de l'ONG de défense des droits humains Bir Duino et Asel Kubanychbekova de l'organisation She Starts. Nous avons discuté des pratiques de mariage forcé par kidnapping (ala kachuu) qui représente encore 20% des mariages, des mariages précoces (9% des femmes âgées entre 20 et 24 ans ont été mariées avant 18 ans), des violences domestiques (pas loin de 15 000 signalés en 2024 mais en réalité beaucoup plus car les femmes n'osent pas porter plainte, du viol - toujours pas défini sur la base du consentement - et qui affecte notamment de jeunes femmes handicapées, de l'émancipation des femmes par l'autonomie financière, de la cause LGBT, etc.
L’évolution des sujets sociétaux ne va pas dans le sens de l’ouverture, beaucoup de femmes sont préoccupées par ces évolutions négatives. Ce fut un moment fort qui rappelle l'universalité des combats et tout le travail qu'il reste à accomplir même si certains instruments juridiques et politiques ont été mis en place, notamment une stratégie pour l'égalité de genre à l'horizon 2030, et que le Kirghizistan est signataire de conventions internationales majeures.
Après le déjeuner, direction l’Institut français d’études sur l’Asie centrale (IFAEC), créé en 1993 à Tachkent et installé depuis 2010 à Bichkek. Il fait partie du réseau des Instituts français de recherche à l’étranger (UMIFRE), placés sous la double tutelle du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Sa principale mission est de soutenir les chercheurs français et centrasiatiques travaillant sur la région en archéologie et dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, ethnologie, anthropologie, science politique linguistique, économie, géographie, etc.). Accueillie par sa directrice et attachée de coopération scientifique, Marie Favereau, j'ai eu l'occasion d'échanger avec les chercheurs qui y travaillent et les doctorants qui y préparent leurs thèses, dans une ambiance conviviale et studieuse.
Je me suis finalement rendue à l'Université nationale kirghize (KNU), pour discuter des partenariats universitaires et de l'enseignement du français au niveau universitaire. J'y ai rencontré le recteur, Chontoev Dogdurbek Toktosartovitch, le vice-recteur scientifique, Kamchybek Uulu Mizabek, la doyenne de la faculté des relations internationales, Kazak Kyzy Nurgul, la doyenne de la faculté khirghize-européenne, Kamalova Anara Kamalovna, et la cheffe du département de langue française de l'institut des langues étrangères et également présidente de l'association des professeurs de français, Akchekeeva Maria Soultanovna. Ce fut l'occasion notamment d'évoquer le partenariat avec l'Université de Poitiers où j'ai moi-même étudié et les échanges réguliers de professeurs et l'envoi d'étudiants dans le cadre d'Erasmus Plus. Le français est enseigné à KNU dans plusieurs de ses facultés et instituts à un total d'un peu plus de 420 étudiants. Nous avons également évoqué la possibilité que KNU accueille un lecteur de français langue étrangère (FLE) et rendez-vous a été pris par le poste pour poursuivre les discussions.
La journée s’est conclue par un moment privilégié, à l'invitation de Monsieur l'ambassadeur, à la cave à vin Apéro, me permettant d'échanger avec des membres de la communauté française, laquelle est estimée à une centaine dont 75 sont inscrits sur le registre. Les Français au Kirghizistan travaillent principalement dans les organisations internationales, l'enseignement, l'énergie et le tourisme.
De très belles rencontres et des temps d’échanges toujours passionnants. C’est incroyable la diversité des profils de français qui s’installent partout dans le monde
Bravo à vous, vous êtes également nos ambassadeurs !
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