Escale de La frégate Hermione Lafayette à Portimão.- Samantha Cazebonne
Magnifique escale de La frégate Hermione Lafayette à Portimão.
"J’avais fait la promesse, il y a très exactement 7 mois de cela, jour pour jour, au président de l’UFE ALGARVE, Patrick Mangin, que je rencontrais pour la première fois à Lisbonne, d’être présente aujourd’hui et de soutenir, par tous les moyens à ma disposition, cette magnifique initiative qui répond à de multiples objectifs et fait écho à des valeurs fondamentales qui me sont particulièrement chères : l’esprit de liberté, de défi et d’aventure, l’apprentissage, le dépassement de soi, la solidarité dans l’effort, l’ouverture à autrui et au monde, la francophonie, entre autres.... Et si certaines circonstances ont bien failli m’en empêcher, en m’éloignant durant trois longs mois de toute capacité d’action concrète, sachez que je tiens toujours mes promesses.
Il y a une autre raison, sans doute moins avouable car teinté de chauvinisme, qui fait que ce projet occupe une place spéciale dans mon cœur : il se trouve, je dois vous l’avouer, que je partage avec l’Hermione le fait d’être native de Charente-Maritime. Vous comprendrez qu’il m’était donc impossible de ne pas être présente aujourd’hui pour accueillir ma double compatriote dans cette circonscription des Français de la Péninsule ibérique que j’ai à nouveau l’honneur de représenter depuis le 23 avril dernier. Il s’agit de mon premier acte officiel en tant que députée réélue. J’en suis particulièrement fière et heureuse.
Je tenais à profiter de ces quelques mots que m’ont très aimablement autorisé à prononcer les organisateurs de cet événement, pour évoquer la date que le hasard du calendrier a conduit à nous réunir aujourd’hui. Nous commémorons, en effet, en ce 8 mai 2018, le 73ème anniversaire de la victoire alliée sur la barbarie nazie. Or cette alliance, déjà forgée deux décennies plus tôt, dans la boue des tranchées et le sang des offensives meurtrières (et je pense notamment à la bataille de la Lys où périrent 12.000 des 50.000 soldats du corps expéditionnaire portugais envoyé par la toute jeune République, et auxquels les présidents Macron et de Sousa ont rendu un hommage inédit à l’occasion de son centenaire, le 9 avril dernier)... cette alliance, donc, liant le destin d’une Europe libre et démocratique à celui des Etats-Unis d’Amérique, n’aurait jamais vu le jour si cette frégate (ou plutôt son modèle original) n’avait jamais traversé l’Atlantique en 1780. Et à la suite du Lieutenant-Colonel américain Charles Stanton, représentant le Général Pershing au cimetière Picpus, le 4 juillet 1917... et à la suite des troupes américaines débarquées sur les côtes normandes en juin 1944... à notre tour de nous écrier : « La Fayette, nous voilà ! ».
Je conclurai mon propos en me tournant vers l’avenir... un avenir que je ne conçois, après ce que ce que je viens de dire, que forcément européen ! J’appartiens à une famille politique qui a fait de l’intégration européenne un des piliers fondamentaux de son identité et de son projet ; qui a d’ailleurs entamé au mois d’avril une Grande Marche pour l’Europe visant à redonner la parole aux citoyens afin qu’ils puissent se réapproprier le projet européen. Et je suis particulièrement heureuse qu’à la suite du discours historique prononcé par le Président Macron, à la Sorbonne, en septembre dernier, 26 Etats européens aient également décidé d’organiser des consultations citoyennes sur l’avenir de l’Europe. Et là aussi, ironie du calendrier, ou plutôt sagesse que je préfère y déceler : figurez-vous qu’après le 8 mai vient le 9, et que succède ainsi immédiatement à la commémoration du plus grand conflit de notre histoire humaine, la commémoration de la déclaration de Robert Schuman qui eut en 1950, dans le salon de l’horloge du Quai d’Orsay, ces mots d’une redoutable actualité: « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord des solidarités de fait ».
Nul doute qu’un événement comme celui d’aujourd’hui contribue à créer des solidarités de fait, qui dépassent largement d’ailleurs la seule dimension européenne"
Discours prononcé à Portimão, le 8 mai 2018.